Rechercher par mots-clés

Explorer par catégories

Serge et Réal

Serge Sénécal (né à Montréal, 1941)
Réal Bastien (né à Montréal, 1942)

Création

1962 - 2014

Habit, Serge et Réal, 1977. Don de Sénatrice Nicole Eaton, M2014.69.2.1 © Musée McCord

Serge Sénécal et Réal Bastien se rencontrent à l’École des métiers commerciaux de Montréal où ils étudient de 1959 à 1961, sous la direction de Gérard Le Testut. Ils s’établissent ensuite à Paris pour effectuer des stages dans des maisons de couture. C’est aux côtés d’Yves Saint Laurent et de Madame Carven qu’ils apprennent à manier les étoffes et à jouer avec les proportions, de même qu’ils se familiarisent avec les rouages du salon de couture.

De retour au Québec, ils travaillent d’abord à l’atelier de costumes de Radio-Canada et, par la suite, pour le Théâtre Club, le Théâtre du Nouveau Monde et le Théâtre du Rideau Vert, tout en réalisant des costumes de scène pour plusieurs vedettes de la chanson qui commandent aussi des vêtements pour leur garde-robe personnelle.

La présentation de leur première collection à l’hôtel Windsor en 1964 les fait connaître au grand public. Ils relèvent le défi de présenter 30 créations originales lors d’un premier défilé et vendent toute la collection. En 1966, leur soumission au concours pour l’uniforme des hôtesses du pavillon du Québec à l’Exposition universelle de Montréal en 1967 est retenue parmi celles de huit autres de leurs pairs.

Forts de la confiance que cette expérience leur apporte et voulant raffiner leurs méthodes, ils retournent en stage à Paris en 1968 chez Patou et chez Philippe Venet. C’est avec la pleine maîtrise de leur métier de couturier qu’ils rentrent à Montréal l’année suivante. Ils participent à plusieurs défilés collectifs de couturiers tout en réalisant des collections de prêt-à-porter pour un manufacturier, Josef, qui sont vendues chez Holt Renfrew et chez Dupuis Frères.

MODE EXPO 67 • Serge et Réal

Serge et Réal, entrevue réalisée dans le cadre de l'exposition Mode Expo 67, octobre 2016 © Musée McCord

Le début des années 1970 n’étant pas propice aux collections couture, Serge et Réal décident de mettre en veilleuse leur atelier et de ne répondre qu’à une clientèle choisie. Pendant quelques années, Réal travaille dans les ateliers de costumes à Stratford et à l’Opéra du Québec, tandis que Serge, attiré par le côté marketing de la mode, devient l’assistant de Lily Simon, propriétaire d’un magasin d’importations réputé de Montréal qui habille les élégantes du Québec. Mais le désir de posséder leur propre maison de couture l’emporte et malgré les temps difficiles, ils ouvrent en 1973 le salon Les Trois à Montréal sur le chemin de la Côte-des-Neiges avec un ami administrateur, Charles Raveau, association qui ne durera que quelques années. Ce nouveau départ suppose une organisation différente.

Il n’est plus question de faire des vêtements à la demande des clientes, mais bien de leur présenter une petite collection et de reproduire ces vêtements à leurs mesures.

Exactement comme les maisons de couture en Europe, mais à une moins grande échelle.

Dans leur salon de couture, Serge et Réal habillent des vedettes comme Pauline Julien, Renée Claude et Ginette Reno, et des personnalités telles que l’honorable Jeanne Sauvé, madame Mila Mulroney et madame Jacqueline Desmarais. Après avoir occupé des locaux sur la rue Sherbrooke, ils décident de prendre racine sur la rue Greene en 1987, endroit qu’ils occupent jusqu’à leur retraite en 2014, et de greffer une boutique à leur salon. S’ils présentent des collections à leurs clientes, les robes de mariée et les tenues de mariage sont exécutées sur demande.

En 1996, madame Desmarais les invite à sa résidence de Palm Beach afin qu’ils présentent à ses amies américaines une collection de vêtements. Encore là, c’est un succès. Bientôt, le salon dans la demeure de leur amie ne convient plus et ils doivent trouver un endroit où installer leur atelier ainsi qu’une boutique.

De novembre à la fin avril, ils font la navette entre Montréal et Palm Beach et présentent trois collections différentes – fêtes, début printemps et printemps-été – soit une centaine de modèles.

Le carnet de commandes est produit à Montréal et les retouches finales sont faites à Palm Beach. Les clientes reçoivent leurs vêtements en moins de trois semaines. Quant à la collection d’automne, qui comprend aussi une centaine de modèles, elle est présentée à Montréal, à New York et à Boston au début de juin et livrée en septembre.

Au début des années 2000, l’atelier de Montréal comprend 23 personnes auxquelles s’ajoutent les deux employées de Palm Beach. Le travail exécuté par Serge et Réal s’inscrit dans la tradition de la haute couture française par la méthode artisanale utilisée, la confection impeccable et la tombée des vêtements. Les collections comprennent des robes et des tailleurs de tous les styles, pour le jour, pour le cocktail, pour le dîner, ou pour le soir.

Les vêtements, taillés dans des tissus luxueux importés d’Italie ou de Suisse, se distinguent par leur raffinement et leur simplicité. Si la conception des collections et le choix des tissus sont faits en concertation, Réal s’occupe de tout le côté technique tandis que Serge se consacre au service à la clientèle et aux relations publiques. L’excellence a toujours été la règle d’or de la maison. Résultat d’un travail soigné, les vêtements étaient d’abord signés Serge et Réal, ensuite Trois atelier couture, puis Serge et Réal Montréal et Serge et Réal Palm Beach.

Les couturiers ont été sollicités à plusieurs reprises pour présenter leurs collections lors d’activités-bénéfice. Par exemple, à la soirée hommage en son honneur ayant eu lieu au Musée McCord en 1988, Marie-Paule Nolin a demandé à Serge et Réal de présenter un défilé de leurs créations. Elle considérait que leurs vêtements s’inscrivaient parfaitement dans l’esprit des collections qu’elle avait produites au cours de sa carrière. Le duo s’est aussi engagé dans le milieu de la mode par le biais de concours prônant l’excellence. Ainsi, de 1990 à 1996, ils ont été coprésidents du jury pour le Concours international des jeunes créateurs de mode et membres du jury de la Fondation de la mode de Montréal.

Serge et Réal ont toujours travaillé de façon autonome, sans recevoir d’aide ni du gouvernement ni des manufacturiers, en sachant s’entourer d’une équipe des plus compétentes. Amoureux de leur métier, passionnés, perfectionnistes, leur travail était le reflet d’une belle complicité. Grâce à leur ténacité, ils ont fait de leur salon de couture l’un des plus prestigieux au Québec. Ils ont toujours considéré qu’ils devaient leur succès à la fidélité de leur clientèle. Serge et Réal était une maison unique en son genre à Montréal; ces couturiers sont les seuls à avoir réussi l’exploit de tenir un salon pendant plus de 40 ans.

Sources

Charest, Nicole. «Du costume à la haute couture», Perspectives, 27, juillet 1964, p. 14-15.

Ouellette, Lise. «Serge et Réal, couturiers montréalais», La Tribune, 22 avril 1967.

Ruer, Juliette. «Serge et Réal duo dandy», Elle Québec, no 26, octobre 1991.

«Serge et Réal. La récompense de 20 ans de travail», La Presse, 9 novembre 1982.

«Serge et Réal : un duo passionné d’élégance et de savoir-faire», La Presse, 12 novembre 1991, C3.

Eva Friede. « Couture Kings Retire. » The Gazette, 23 January 2014.

Date de publication

01/10/2004

Rédaction

Françoise Dulac, Dicomode

Dernière révision le
01/02/2019 Suggérer une modification

© Musée McCord Stewart 2024