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Rosie Godbout

Née à Toulon, France, 1940

Création

Depuis 1978

Rosie Godbout © François Renaud. Photo fournie par Rosie Godbout

Après avoir émigré au Canada en 1966, Rosie Godbout enseigne l’éducation physique plusieurs années à Montréal avant de s’installer à la campagne et de commencer à pratiquer l’art textile en autodidacte en 1978.

Alors que le goût du jour privilégie les matières brutes, les fibres écrues et les textures robustes, la production de Rosie Godbout étonne par ses couleurs vives et le raffinement dans l’agencement des contrastes et des tonalités.

Ses pièces figuratives, où l’on retrouve par exemple le motif du paysage, tranchent avec le tissage courant qui exclut généralement toute imagerie. À partir de 1979, elle réalise des vêtements qui forceront l’admiration, présentés entre autres à l’exposition-vente annuelle du Salon des métiers d’art, à Montréal. En 1984, l’artisane revient à la ville et installe son atelier sur l’avenue du Mont-Royal, d’où elle s’engage dans une période d’effervescence créatrice qui culmine avec son premier Grand Prix des métiers d’art du Québec en 1986. Un voyage qui la mène en Corse et au Sénégal, en 1993, est l’occasion d’une réflexion sur ses propres origines et sur l’altérité culturelle, entre autres au sein même des Amériques. Aboutissement de cette réflexion, l’œuvre intitulée Métissage, marquante par l’exploration de la dimension parure du vêtement, est récompensée à juste titre par un nouveau Grand Prix des métiers d’art en 1993.

Dès le début des années 1980, elle expérimente la teinture des fibres et accède à une palette de couleurs plus étendue, qui évoluera en parallèle avec les autres dimensions de son œuvre. Avec le temps, la palette s’assombrit, se nuance, gagne en subtilité. La matière et les textures retiennent l’attention de l’artiste dès les premiers jalons de sa production.

Elle expérimente notamment le brossage de la laine mohair, dans le but d’obtenir des textures plus variées.

Vers le milieu des années 1980, elle découvre la chenille de velours et en fait pendant plusieurs années le matériau de prédilection de sa production courante.

La construction et la texturation de la matière chez Rosie Godbout passent par une série d’interventions, de touches successives. Partant d’une idée, parfois d’un dessin, chaque projet se modifie en cours de réalisation. Cette méthode, privilégiée par l’artiste tout au long de son parcours, finit par prendre le pas sur le tissage à travers la réalisation des parures des années 1990, notamment la pièce Métissage (1993), la série de l’exposition Ornamentissimo (1997), ou encore ce remarquable hommage au patrimoine familial intitulé De Reine, à Aimée, à Rose-Marie (1998). Le procédé permet entre autres l’adjonction de détails à un matériau de base, l’assemblage d’éléments hétéroclites et le recyclage de tissus résiduels.

Plusieurs techniques peuvent y concourir de manière cumulative et complémentaire, comme le perlage, la broderie, le feutrage, le surpiquage, le brochage et le rongeage.

À la faveur des ajouts, des chevauchements, des accidents de parcours, la pièce ainsi construite acquiert sa tridimensionnalité non seulement par son architecture, faite pour se mouler autour d’un corps, mais aussi par son matériau, auquel la composition stratifiée confère une profondeur.

Les pièces d’« art à porter » de Rosie Godbout sont montrées dans de nombreuses expositions depuis 1984, notamment à Toronto, à Vancouver, aux États-Unis, à Paris et à Barcelone.

À Montréal, une rétrospective de son œuvre est présentée dans le cadre de l’exposition Geneviève Sevin-Doering / Rosie Godbout. Formes et matières. Un vêtement autre, au Centre de design de l’Université du Québec à Montréal en octobre 2000. Puis, à nouveau au Centre de design de l’UQÀM, elle participe à l’exposition Atmosphères en 2001. En 2006, une exposition solo de son œuvre a lieu à la Guilde canadienne des métiers d’art. Outre le Grand prix des métiers d’art, remporté en 1986 et en 1993, l’artiste obtient de nombreux prix et distinctions, de même que plusieurs bourses de soutien à la création du Conseil des arts et des lettres du Québec et du Conseil des arts du Canada. En plus de se consacrer à production artistique, elle a enseigné au Centre des métiers d’art en construction textile et a siégé au Conseil des arts textiles du Québec et au comité exécutif du Conseil des métiers d’art du Québec. En 2018, elle vit et travaille à Saint-Armand en Montérégie.

Sources

Profil de l’artiste, ENOAC. Lien externe

Baril, Gérald. «Rosie Godbout dans ses mots» et «Rosie Godbout. Matière et esprit du vêtement», dans G. Baril et al., Atmosphères, catalogue d’exposition, Montréal, Centre de design de l’Université du Québec à Montréal, 2000, p. 17-31.

Delisle, Michèle. «D’alchimie et d’intuition», dans G. Baril et al., Atmosphères, catalogue d’exposition, Montréal, Centre de design de l’Université du Québec à Montréal, 2000, p. 14.

Dufault, Mylène. «Dossier. Les métiers d’art du textile. Rosie Godbout», Magazine des métiers d’art, vol. 10, no 3, octobre 1997, p. 30-33.

Gauthier, Jean-Louis. «Rosie Godbout, entre le tissage et la haute couture», Châtelaine, vol. 27, no 12, décembre 1986, p. 9-10.

Roy, Louise. «Rosie Godbout, ou le plaisir de la vie», dans G. Baril et al., Atmosphères, catalogue d’exposition, Montréal, Centre de design de l’Université du Québec à Montréal, 2000, p. 15.

Date de publication

01/10/2004

Rédaction

Dicomode

Révision

Madeleine Goubau, Collaboratrice

Dernière révision le
01/02/2019 Suggérer une modification

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