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Mémé Dysthe

Née à Oslo, 1916 - Décédée en 1984

Création

1950 - 1983

Née Martha Matilda Frisch à Oslo, en Norvège, Mémé Dysthe y suit une formation en design de mode de 16 à 18 ans. Elle part ensuite pour Paris afin d’étudier en art et en design de mode. De retour à Oslo, elle travaille d’abord comme designer pour une importante maison de couture et ouvre ensuite son propre salon, sans doute vers 1937. Elle a le temps de se faire un nom avec ses propres créations originales avant que la pénurie de tissus et de main-d’œuvre causée par la guerre ne vienne ralentir sa cadence. Lorsque sa clientèle privée commence à lui demander de remodeler des vêtements démodés, elle canalise sa créativité en transformant les chutes de tissu en chapeaux, en basques et autres accessoires. Les tissus étant de plus en plus difficiles à obtenir, elle commence à s’intéresser aux étoffes tissées à la main.

Sa boutique connaît une croissance rapide, allant jusqu’à employer une cinquantaine de couturières.

En juillet 1949, Dysthe, son mari Gunnar Rachlew Dysthe et leur fils de deux ans se rendent en visite au Canada où le père de Dysthe avait émigré dans les années 1920. Ils étudient alors la possibilité d’établir une entreprise similaire au Canada, arrêtant leur choix sur Montréal où Dysthe commence à dessiner une collection qu’elle lancera en juillet 1950. La couverture médiatique portant sur cette première collection met l’accent sur les étoffes tissées à la main qui sont créées par le MacKay Homecraft Studio, dirigé depuis l’École MacKay pour les sourds par une compatriote norvégienne expatriée, madame C. Svanaug Bang. On trouve ces mêmes étoffes dans les collections subséquentes des années 1950, mais aussi des tissus importés de France, d’Angleterre, d’Italie et de Suède. (Il existe dans la collection du Musée McCord un tailleur datant de 1959 confectionné dans un tissu anglais de Dormeuil.) Le mari de Dysthe s’occupe de trouver les tissus, alors qu’elle se consacre au design.

Manteau (détail), Mémé Dysthe, 1965. Don de Mme Henry Yates, M987.182.2 © Musée McCord

Entre 1949 et 1951, Dysthe ouvre un salon chez Cybele Gowns au 1980, rue Sherbrooke Ouest. Si elle dirige de nouveau son entreprise depuis cette adresse dans les années 1970, elle déménage son atelier sur l’avenue Claremont dans les années 1960, puis brièvement sur le chemin de la Côte-des-Neiges pour revenir ensuite rue Sherbrooke. En 1956, elle fonde la Dysthe Fashions Reg’d, une entreprise de ventes en gros dont son mari est le directeur des opérations. Entre-temps, l’entreprise d’Oslo demeure sous sa propriété, et elle dirige aussi une entreprise de couture pour une clientèle privée à Montréal. Dans les années 1950, ses publicités au Canada la présentent comme la « réputée designer de mode et styliste scandinave de Montréal ».

Dysthe vend ses tailleurs prêt-à-porter dans les grands magasins de Montréal, d’Ottawa et de Toronto.

Elle croit qu’il existe « un marché non exploité pour des tailleurs prêt-à-porter qui ressemblent à du sur mesure, confectionnés avec soin dans des tissus de qualité ».

Elle et son équipe de tailleurs européens assurent la finition de chaque vêtement à la main.

Elle se rend régulièrement à Toronto pour présenter des défilés de ses collections chez Henry Morgan & Co., rue Bloor, où elle offre de prendre des commandes à façon pour des tailleurs, des robes et des tenues de soirée. Elle applique la même formule à Ottawa chez Devlin’s dans les années 1950 et chez The Little Shop dans les années 1960. En 1957, elle présente 18 tailleurs pour le printemps à des acheteurs de New York. Ils sont achetés par Bergdorf Goodman’s qui en vend un certain nombre en exclusivité. Elle en produit 30 à la fois dans des tissus français et anglais. Le magasin de luxe I. Magnin les transporte sur la côte Ouest des États-Unis.

À l’automne 1951, Mémé Dysthe lance sa première version d’une collection de voyage appelée l’« Air Pack », un ensemble polyvalent conçu pour donner à la femme tous les essentiels d’une garde-robe, tout en respectant les contraintes en matière de bagages imposées par le voyage en avion. Les six pièces de la collection, taillées dans les lainages canadiens tissés à la main qui font sa marque, peuvent être converties en une robe, un tailleur, un manteau, une cape et une robe cocktail.

Tout ce qui compose l’Air Pack doit être porté en vol, à l’exception d’une basque et d’un chemisier pesant au total 227 grammes.

Dysthe fera renaître le concept de nouveau en 1961 et en 1962 avec sa « Air Robe », pesant moins de sept kilos, présentée lors d’un défilé commandité par les Scandinavian Air Services.

Dans les années 1960 et 1970, Mémé Dysthe dédie ses collections spécifiquement aux femmes de 40 ans et plus, mettant l’accent sur la qualité exclusive de ses vêtements haut de gamme. En 1963, elle va jusqu’à embaucher une employée permanente à Ottawa. Dans les années 1970, elle rencontre sa clientèle privée une fois par mois à l’hôtel Park Plaza de Toronto et chez Henry Morgan & Co. à Ottawa, ainsi que différents acheteurs de prêt-à-porter à New York et en Californie, les avisant de ses visites par le biais de prospectus envoyés par la poste et d’annonces publiées dans les journaux. On trouve notamment parmi sa clientèle, constituée de membres fortunées de l’establishment canadien, les épouses d’hommes politiques en vue.

En 1976, Gunnar Dysthe décrit l’entreprise comme de la « haute couture à l’ancienne », indiquant qu’ils ne font jamais de sollicitation, comptant plutôt sur le bouche à oreille pour attirer de nouvelles clientes à leurs défilés, et évitent de vendre des modèles identiques à des femmes appartenant au même cercle social.

Ils n’ont jamais créé non plus de collections saisonnières.

La Torontoise Patricia Harris se souvenait ainsi de son premier rendez-vous avec Dysthe dans une suite de l’hôtel Park Plaza, à Toronto :

« Je me souviens de Mémé Dysthe comme d’une grande femme svelte et élégante, vêtue d’une robe sombre à la manière de la duchesse de Windsor. Ses cheveux foncés étaient impeccablement enroulés à l’arrière de la tête. Je fus accueillie par son mari qui prit mon manteau et m’offrit du thé ou du café, me montrant des albums de croquis et des échantillons de tissus rangés dans des valises, drapant des pans de tissu sur les chaises et le canapé. Une assistante-mannequin allait et venait entre la chambre, où avaient lieu les essayages, et le petit salon, choisissant des vêtements dans les placards et changeant souvent de tenue pour me montrer des modèles susceptibles de me plaire et de répondre à mes besoins… Un mois plus tard, j’y retournais pour un essayage. »

Selon Harris, s’il était fréquent qu’un ensemble soit prêt après de légères modifications lors de ce premier essayage,  des retouches devaient parfois être effectuées à Montréal d’où le vêtement était ensuite réexpédié à Toronto. Harris et une autre cliente se souvenaient que l’ajustement parfait de leurs vêtements, notamment ceux en Ultra Suède, était assuré par une assistante italienne possédant une formation de tailleur. Elles se souvenaient également d’une essayeuse qui travaillait sur les robes et les robes du soir, une sculpteure finlandaise appelée Umia, qui aurait peut-être essayé de reprendre les rênes de l’entreprise après la mort de Dysthe.

Bien qu’elle ait fermé son salon en 1979, Dysthe est demeurée au service d’une clientèle privée jusque dans les années 1980. Un vol survenu en 1983 a porté un dur coup à l’entreprise. Dysthe est décédée l’année suivante.

Sources

The Ottawa Journal, October 1, 1963.

Carter, Joyce. « Any-Season Fashions Suit a Special Breed. » Toronto Globe and Mail, May 20, 1977.

———. « Old-School Couture a Success with Successful. » Toronto Globe and Mail, June 17, 1976.

Dempsey, Lotta. « Women Add Imagination to Succeed in Business. » Toronto Globe and Mail, September 19, 1950.

Evasuk, Stasia. « Clothes to Wear at Fourty. » Toronto Daily Star, June 14, 1969.

Gougeon, Helen. « Convertible Costume. » Montreal Daily Star Weekend Picture Magazine, September 22, 1951, 25-29.

« Hand-Woven Fabrics in Montreal Separates, after-Ski Collection. » Women’s Wear Daily, October 31, 1950.

Harris, Pat. « Mémé Dysthe- Notes and Memories from Pat Harris. » February 1994, 2.

« Head of Montreal Couture House to Present Fashions, Past-Present. » Sherbrooke Daily Record, February 14, 1966, 6.

« Henry Morgan & Co. Ltd. ». Ottawa Citizen, September 8, 1960.

Laurier, Marie. « Collections Défilent… » La Presse, October 13, 1961, 10.

« The Little Shop. » The Ottawa Journal, March 19, 1964, 73.

« Meme Dysthe. » Toronto Globe and Mail, August 1958.

« Meme Dysthe. » The Ottawa Journal, November 28, 1950, 13.

« Meme Dysthe (Salon Du Haute Couture). » In Annuaires Lovell, edited by Annuaires Lovell, 169. Montreal, QC: Lovell Publishing, 1978-1979.

« Meme Dysthe Boutique Collection. » The Ottawa Journal, November 28, 1966, 37.

« Meme Dysthe… Internationally Famous Designer. » Toronto Globe and Mail, August 21, 1958.

« Montreal Designer Uses Hand-Loomed Fabrics. » Women’s Wear Daily, July 19, 1950.

« Montreal-Made Suits Shown. » Women’s Wear Daily, November 20, 1957.

« New Canadian Designer Fashions Presents Distinctive High Styles. » Montreal Gazette, June 22, 1951.

« Norwegian Designer at Home in Canada. » The Ottawa Journal, September 10, 1957, 11.

« Oslo Couturier to Show in N.Y. ». Women’s Wear Daily, November 18, 1957.

Redelmeier, Flavia. « Mémé Dysthe- Notes and Memories from Flavia Redelmeier. » Febraury 1994, 1.

« See… Weekend Tely. » The Globe and Mail, September 22, 1951.

« Victoria Meme Dysthe. » Lien externe

Walpole, Mary. « Around the Town. » Toronto Globe and Mail, March 30, 1962.

Date de publication

01/02/2019

© Musée McCord Stewart 2024