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France Davies

Née à Paris, 1927 - Décédée à Ottawa, 1999

Création

1949 - 1968

Uniforme d'hôtesse, pavillon chrétien, Expo 67, France Davies, 1967. Don de Dr. Esmerelda M.A. Thornhill, M2016.93.1.1-3 © Musée McCord

Ses parents d’origine canadienne vivent à Paris lorsqu’elle naît en 1927. Les Davies reviennent au pays à cause de la guerre, en 1941, et leur fille prendra la nationalité canadienne. Au printemps de 1947, à 19 ans, elle obtient une bourse pour aller à Paris étudier la couture. À l’École Guerre-Lavigne, elle acquiert la technique de la coupe. Elle suit aussi des cours de dessin à l’École Dupérré, à Montmartre. De retour à Montréal, en 1949, elle propose ses services à Raoul-Jean Fouré qui l’embauche comme coupeuse. Auprès du réputé couturier, dont elle dira qu’il est non seulement raffiné et inventif mais aussi excellent pédagogue, elle parfait son apprentissage. Un an plus tard, lorsque Fouré se voit forcé de réduire son personnel, elle décide d’ouvrir son propre studio.

Elle débute en mars 1950, dans l’immeuble qu’elle habite avec ses parents, au 1610 de la rue Sherbrooke Ouest, avec quelques amies comme premières clientes. Elle a alors 22 ans.

Bientôt, elle se mérite un noyau de fidèles, en majorité des femmes de la classe fortunée de Montréal.

En 1952, le feu ayant détruit l’immeuble qui abrite son studio, elle se reloge au 1575, avenue Summerhill, dans un petit appartement qu’elle partagera avec sa mère. En 1957, au 2150 de la rue Saint-Marc, elle aménage un véritable salon de couture, où elle recevra ses clientes jusqu’à la vente de l’immeuble en 1964. Elle revient alors sur la rue Sherbrooke Ouest, au 1617, à l’angle du chemin de la Côte-des-Neiges, où elle installe un salon sur deux étages au-dessus des locaux de la Banque de Montréal. Enfin, de 1966 à 1968, bouclant la boucle avec les deux dernières années de sa carrière, elle occupe à nouveau un studio au 1610, rue Sherbrooke Ouest : cette même adresse où elle avait habité avec ses parents depuis leur retour au Canada jusqu’à l’incendie de 1952. En 1968, France Davies Cawadias, maintenant mariée depuis trois ans, décide de vivre à temps plein avec son mari, à Ottawa, et de rompre sa liaison passionnée avec la couture.

Misant sur la qualité davantage que sur la quantité, elle n’emploiera jamais plus de deux ouvrières. Généralement avec l’aide d’une finisseuse, elle produit deux ou trois vêtements par semaine.

La « manière » France Davies consiste à proposer à sa cliente une idée, à l’aide d’un croquis dessiné spontanément, sous les yeux de l’intéressée. Elle tente chaque fois de saisir cette femme en face d’elle, de percer à jour son rêve, de créer le modèle qui la rendra semblable à son rêve, tout en n’étant pas dépourvu de confort. Elle estime qu’une maison de couture doit être capable d’habiller une personne de la tête aux pieds (à l’exception des chaussures et du chapeau, bien entendu), ainsi elle inclut dans son répertoire la robe, le tailleur, le manteau et la blouse. Elle aime travailler la laine, que l’on peut modeler à volonté; elle en fait même des robes du soir, qui ont beaucoup de succès.

Elle travaille aussi avec plaisir la soie et le chiffon, dont elle dira : « C’est difficile à maîtriser, mais ça remue, ça vole, ça chante! »

Uniforme d’hôtesse, pavillon chrétien, Expo 67, France Davies, 1967. Don de Dr. Esmerelda M.A. Thornhill, M2016.93.1.1-3 © Musée McCord

Son talent se déploie partout avec bonheur, que ce soit pour une tenue de bal ou pour un tailleur sévère, ou encore pour « une petite robe d’organdi brodé, qui respire le charme et la fraîcheur ». Bien qu’elle se dise incapable de copier intégralement un modèle, elle est ouverte aux influences. Selon elle, il faut profiter de toutes les occasions pour sortir de ses ornières.

Elle souligne d’ailleurs que la même idée se retrouve souvent chez plusieurs couturiers, qu’il s’agit là d’un mouvement circulaire normal des influences.

Parfois, les clientes fournissent elles-mêmes des sources d’inspiration, apportant à leur couturier des modèles de grands noms, de chez Givenchy ou de chez Dior. Elle se nourrit aussi à même L’Officiel de la couture, un périodique français où sont présentées toutes les collections françaises. L’une de ses premières clientes, Lady Davis, épouse d’un magnat du tabac (Imperial Tobacco), lui apporte un jour un tissu et un modèle de Lanvin, lui demandant de le copier. Elle répond à la dame qu’elle ne peut faire le modèle de Lanvin dans le tissu en question et lui propose un modèle original. Lady Davis lui lance : « Avez-vous l’intention de faire mieux que la couture française? » et claque la porte. Le lendemain, pourtant, la cliente commande le modèle suggéré : la jeune Davies a forcé son admiration.

Tout au long de sa carrière, elle signe France Davies, de sa main et à l’encre, sur un ruban de satin qu’elle coud à l’intérieur du vêtement. Un directeur de la maison Bianchini-Férier à Montréal, monsieur Louis, lui dit un jour : « Vous avez un nom de couturier. N’en changez surtout pas! »

La réputation de France Davies se construit sans publicité, mais ses réalisations trouvent un écho dans les médias.

En 1951, la ville de Longueuil lui commande une création qui sera offerte à la princesse Elizabeth en visite officielle.

Dans un tartan artisanal tissé par Véronique Arsenault, elle crée une ample jupe dont le plissé fuse d’un corselet. Peu après, Dupuis Frères acquiert la licence du modèle et offre dans les pages des quotidiens montréalais une réplique de la jupe de la princesse. Ses créations sont souvent présentées dans les pages de mode des journaux canadiens : en octobre 1955, dans les pages féminines du Globe and Mail, une robe de son cru figure en bonne place aux côtés de celles des couturiers parisiens Givenchy, Balmain et Rouff. En 1967, elle signe l’uniforme des hôtesses du pavillon chrétien à Expo 67.

Elle habille des personnalités du monde du spectacle et des médias, comme Maureen Forester, Lisette Bourassa, Odile Panet-Raymond, Lucette Robert (journaliste à la Revue populaire), Michelle Tisseyre, la chanteuse Lise Roy, ainsi que des milieux politiques et financiers, dont Marguerite Charland (épouse de l’ambassadeur Claude Charland), madame C. D. Howe et l’une de ses filles. Elle répond également à des commandes de tenues de scène, créant notamment des costumes pour l’opéra-bouffe de Menotti, Le téléphone, présenté en février et mars 1952 au théâtre Gesù à Montréal.

En 1954, France Davies participe activement à la fondation de l’Association des couturiers canadiens. En tant que membre, elle participe annuellement à deux défilés collectifs avec cinq ou six de ses vêtements originaux. Elle y occupe par la suite la fonction de secrétaire pendant la presque totalité des 14 années d’existence de l’Association. Elle est une des rares, avec Raoul-Jean Fouré, à y demeurer active jusqu’au démembrement du groupe en 1968. Ses archives se trouvent aujourd’hui au Musée McCord.

Date de publication

01/10/2004

Rédaction

Dicomode

Dernière révision le
01/02/2019 Suggérer une modification

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